Démarche


Comment la combinaison d’une poignée de constantes mathématiques, de quelques morceaux de matière et du passage du temps ont-ils pu créer des choses aussi belles et impressionnantes que sont les nébuleuses et autres objets célestes qui parsèment notre univers? Passionné par l’astronomie, contempler le ciel a toujours été pour moi une source profonde d’inspiration et d’humilité. Il nous suffit de regarder les images prises par les télescopes pour être touché par la beauté qui émerge de tout ce chaos.

Au cours de mes études en sciences informatiques, je me suis intéressé à la génération d’images numériques à l’aide d’algorithmes mathématiques étroitement liés à la théorie du chaos. Cette théorie s’intéresse aux conséquences imprévisibles des systèmes dynamiques qui sont sensibles aux conditions initiales. Cependant, insatisfait de l’aspect trop mécanique et artificiel des images générées, je me suis tourné vers une technique de création différente : la photographie à mouvement intentionnel. Cette dernière met en pratique la théorie du chaos et l’imprévisibilité, mais contrairement aux formules mathématiques, elle laisse également place à une forme de sensibilité dans le processus de création.

C’est d’abord à l’aide de cette technique que je génère mes photographies à partir de sujets issus de la nature tels les arbres, les montagnes ou encore les cours d’eau. Sur ces éléments organiques, la combinaison de poses longues et de mouvements imprévisibles et intuitifs m’offre une richesse de couleurs, de textures et d’effets sur lesquels je peux travailler pour construire mes images numériques par la suite. C’est dans un contexte de randonnée en forêt et d’exploration de sentiers montagneux que les photographies sont prises et où je tente de transformer les éléments qui m’entourent en une atmosphère visuelle à la fois expérimentale, abstraite et émotive.

Cette démarche me permet de m'émerveiller par les images qui apparaissent sur mon appareil, surpris par la beauté qui émerge de l’aléatoire, et reproduisant ce sentiment qui m’enveloppe lorsque je contemple les galaxies et autres corps célestes. Ainsi, le mouvement de ma caméra est loi de la physique, l’environnement que j’arpente est matière et la vitesse d’obturation est passage du temps. À travers la photographie, je contemple à nouveau la création du monde; une création nouvelle, et à échelle humaine.

Raphaël Larivière

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